Les forêts communautaires, un pilier pour le développement durable et la lutte contre le changement climatique au Togo, Afrique de l'Ouest
DOI:
https://doi.org/10.5281/zenodo.17848135Keywords:
Gestion communautaire ; déforestation ; durabilité environnementale ; sécurisation foncière ; résilience climatique.Abstract
L'Afrique de l'Ouest connaît un rythme alarmant de déforestation, particulièrement préoccupant au Togo où le bois-énergie constitue 80 à 90% des besoins énergétiques des ménages à des fins de cuisson des repas et de chauffage d’eau. Cette dépendance s'explique par le faible accès à l'électricité et aux combustibles alternatifs, créant un cercle vicieux : la pression insoutenable sur les écosystèmes forestiers accélère leur dégradation et compromet les moyens de subsistance des populations rurales. Face à cette crise, la foresterie communautaire émerge comme une solution prometteuse pour concilier la conservation des écosystèmes et le développement socio-économique.
Le Togo dispose actuellement d'un patrimoine de 188 forêts communautaires couvrant 87 168 hectares, soit 1,54% du territoire national. L'analyse révèle des disparités territoriales significatives : 80% des superficies sont concentrées dans les régions Centrale (41%) et Kara (39%), tandis que les régions des Plateaux, Maritime et Savanes présentent des superficies plus modestes. Une dynamique positive est observée depuis 2010, avec une augmentation de 25% de la superficie totale par rapport à 2023, témoignant d'une mobilisation croissante des acteurs locaux en faveur de la foresterie communautaire.
Le pays s'est doté d'un cadre de gestion de ces forêts incluant une série d'arrêtés ministériels et de manuel de procédure de création et de gestion des forêts communautaires. La gestion de ces forêts repose principalement sur des Comités Villageois de Développement (CVD) avec l'appui technique d'ONG et de partenaires internationaux à travers des projets. La variabilité de superficies de ces forêts exige des stratégies adaptées : gestion durable et exploitation planifiée pour les grandes forêts (≥ 1000 ha) ; agroforesterie et valorisation des produits forestiers non ligneux (PFNL) pour les petites superficies.
Cependant, des défis majeurs persistent et entravent le développement optimal des forêts communautaires. Des déficits de gouvernance se manifestent par une reconnaissance légale souvent insuffisante des entités de gestion et par leurs capacités organisationnelles limitées. Parallèlement, des insuffisances techniques sont observées, avec des plans d'aménagement approximatifs, des inventaires forestiers inadéquats et un zonage inadapté aux réalités du terrain. Enfin, la faible rentabilité économique, caractérisée par une exploitation limitée générant des revenus insignifiants, menace directement l'engagement et la motivation des communautés locales.
Les forêts communautaires offrent des bénéfices intégrés, conciliant les enjeux environnementaux et le développement humain. Sur le plan écologique, elles assurent la conservation de la biodiversité, la restauration des écosystèmes et une gestion durable des ressources naturelles, tandis que sur le plan socio-économique, elles génèrent des revenus diversifiés, contribuent à la réduction de la pauvreté et renforcent la cohésion sociale. Parallèlement, elles jouent un rôle culturel et éducatif essentiel en préservant les connaissances traditionnelles et en servant de support à l'éducation environnementale. Enfin, leur contribution climatique et de gouvernance se manifeste à travers la séquestration du carbone, le renforcement de la résilience des communautés et la décentralisation de la gestion des ressources naturelles.
Pour relever ces défis, il est proposé un cadre stratégique intégré visant à consolider la foresterie communautaire. Il préconise le renforcement des capacités de gouvernance qui doit passer par une bonne structuration, la formation et l'inclusion de toutes les composantes de la communauté dans les instances décisionnelles. Sur le plan économique, la diversification des activités via l'agroforesterie, la valorisation des produits forestiers non ligneux et l'écotourisme est essentielle pour assurer la rentabilité. L'amélioration des capacités techniques nécessite l'adoption de paramètres d'exploitation quantifiés et de protocoles d'inventaire standardisés. Enfin, la sécurisation foncière par l'obtention de titres fonciers, couplée à l'innovation technologique et au renforcement de la résilience climatique, complète ce dispositif pour une gestion durable et équitable.
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