BOIS SACRES A L’EPREUVE DE L’URBANISATION A KORHOGO

Abstract

Le Poro ou Tchologo est une institution initiatique du peuple senoufo. Le Bois sacré ou « Sinzang » est l’espace naturel aménagé pour abriter les cérémonies initiatiques qui doivent forger l’identité et la personnalité de l’homme senoufo au cours d’un cycle de formation de sept ans. Les Bois sacrés originellement localisés à la périphérie des villages afin de préserver la sacralité et le secret des rites initiatiques sont à Korhogo, contraints à des mutations de leur logique spatiale sous l’effet de la dynamique d’urbanisation. L’étalement rapide de la ville intra-muros s’est accompagné d’une intégration progressive des Bois sacrés dans la ville. Cet article vise à identifier les stratégies mises en œuvre pour préserver les bois sacrés des effets de la pression urbaine. Plus spécifiquement, cet article envisage de montrer d’abord, les mutations de la logique spatiale des Bois sacrés sous l’effet de l’urbanisation, ensuite, analyser l’impact de leur proximité avec l’habitat et les équipements, et enfin identifier les actions résilientes adoptées par les communautés locales. Cette étude s’est appuyée sur trois techniques de collecte des données : la recherche documentaire, l’observation et les enquêtes de terrain basées sur des entretiens semi directifs. Les résultats de l’étude montrent que les Bois sacrés se sont vus imposer par l’urbanisation, la proximité avec l’habitat, les marchés et voies de communication. Les Bois sacrés non clôturés sont également les « victimes » des stratégies urbaines de survie par l’agriculture urbaine qui colonise les marges de terre. Ce nouvel environnement contribue à la désacralisation des Bois sacrés. Deux types de stratégies ont été définis par les acteurs engagés dans la préservation des Bois sacrés. Il s’agit d’une part, d’une stratégie d’auto défense et d’autre part, d’une stratégie d’emmurement. La première stratégie consiste pour certains Bois sacrés à mettre en place un système de veille afin de réagir promptement à la violation de leurs « limites territoriales ». La deuxième stratégie consiste à clôturer les Bois sacrés.